Santiago, de notre correspondant.
Le nombre des plaintes déposées au Chili contre Augusto Pinochet ne cesse d'enfler et, pour la première fois, les autorités chiliennes affichent clairement leur volonté de poursuivre l'ancien dictateur. Une douzaine de plaintes viennent de s'ajouter ces derniers jours aux 59 que la justice avait déjà reçues avant l'arrivée du sénateur à vie. Son retour au Chili a incité certains proches des victimes de la dictature à recourir aux tribunaux.
C'est le cas de la famille d'Enrique Ropert, assassiné à l'âge de vingt ans. Ce jeune homme fait partie des victimes françaises de la dictature chilienne. Il a été arrêté le jour même du coup d'Etat alors qu'il venait de déposer sa mère, à l'époque secrétaire du président Salvador Allende, aux abords du palais présidentiel de La Moneda. Son corps a été retrouvé neuf jours plus tard, criblé de balles. Sa soeur Isabel juge très important le fait de pouvoir aujourd'hui déposer plainte contre l'ancien dictateur. «Car il était au courant de tout ce qui se passait ce jour-là autour de La Moneda. C'est lui qui donnait les ordres.» Elle tente simultanément de convaincre la justice française d'enquêter sur cette affaire.
Chargé d'instruire l'ensemble des plaintes déposées contre l'ancien dictateur, le juge chilien Juan Guzman consacre désormais tout son temps à l'affaire Pinochet. Il a d'ailleurs décidé lundi de demander la levée d'immunité parlementaire du sénateur à vie à la cour d'appel de Santiago, décision qui n