Madrid, de notre correspondant.
Sise dans la banlieue nord-ouest de Barcelone, Terrassa fait partie de cette ceinture industrielle qui a su mener à bien sa reconversion. Le chômage est tombé sous la barre des 10% et, au milieu de cette Catalogne prospère, la ville jouit d'une qualité de vie bien supérieure à la moyenne nationale. Il y a pourtant une tache d'ombre à ce beau tableau: elle a pour nom Ca N'Anglada, un quartier marginalisé où vivent quelque 2 000 immigrés marocains arrivés il y a quelques années. Personne ne leur prêtait attention, jusqu'à ce jour de juillet 1999 où un millier d'Espagnols du coin eux-mêmes immigrés de l'intérieur des années 60-70 somment les Marocains de quitter les lieux, et vandalisent la mosquée, les boucheries islamiques et leurs autres commerces. Le pays écarquille les yeux en découvrant cette «chasse au Maure» inédite, persuadé que la chose était un chapitre clos depuis la Reconquista.
Barres de fer. Puis les haines se sont tues, et la cohabitation a tant bien que mal repris à Terrassa. «J'avais presque oublié ces incidents», dit Jaled, président de la communauté islamique locale. Mais la tension a refait surface le 5 février, lorsque, à El Ejido, une grosse bourgade andalouse près d'Almeria, des centaines d'habitants armés de barres de fer s'en sont pris aux travailleurs agricoles, marocains et illégaux pour la plupart, mettant à sac leurs commerces et leurs biens. «Depuis, j'ai de nouveau peur, confie Jaled. Je sais que d'autres émeutes