Jérusalem, de notre correspondant.
Adel et Imam Ka'adan ne voulaient plus que leurs enfants grandissent dans un milieu défavorisé. Ils cherchaient à quitter Baka al-Gharbieh, un village arabe du centre d'Israël. En 1995, une petite annonce leur avait appris l'existence de parcelles disponibles à Katzir, une localité voisine présentant toutes les qualités requises: une vue magnifique, des rues bien tenues, des infrastructures sportives et surtout de bonnes écoles. Impossible, leur a-t-on répondu. Katzir est fermé aux non-juifs. Mercredi, après quatre ans de procédure, les Ka'adan ont finalement obtenu gain de cause auprès de la Cour suprême.
Il s'agit d'un des arrêts les plus importants de l'histoire d'Israël. Par quatre voix contre une, la plus haute instance légale a prohibé toute discrimination entre juifs et Arabes en matière foncière. Katzir, comme 92% du pays, se trouve sur une terre d'Etat. Ses habitants ne sont pas des propriétaires, mais des preneurs. Le bailleur est un organisme parapublic: l'Agence juive, le fer de lance du sionisme avant l'indépendance. Ses propres statuts lui interdisent d'installer sur l'un de ses domaines un non-juif, même s'il est citoyen israélien.
En 1998, le président de la Cour suprême, Aharon Barak, avait imploré les deux parties d'arriver à un compromis: «Nous ne sommes pas prêts pour ce genre de décision judiciaire aux conséquences incalculables.» Il existe plus de 600 localités comparables à Katzir. Deux ans plus tard, aucun arrangement