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Libération

Après Berlin, Vienne ouvre le dossier des travailleurs forcés du IIIe Reich. L'Autriche se découvre responsable. Le gouvernement étudie la question des indemnités pour faire bonne figure.

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publié le 13 mars 2000 à 22h54

Vienne, de notre correspondant.

L'Autriche d'aujourd'hui, pointée du doigt par le reste de l'Europe, semble plus décidée que jamais à prouver sa bonne foi démocratique. Et à admettre, entre autres, sa responsabilité dans les crimes du IIIe Reich. C'est en tout cas l'impression que le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel cherche à donner. L'une des toutes premières mesures annoncées par son gouvernement concerne ainsi le dédommagement des quelque 240 000 personnes encore vivantes (sur presque 1 million), forcées de travailler, entre 1938 et 1945, sur le territoire autrichien, dans des conditions proches de l'esclavage.

«Même si on ne peut être dupe des raisons politiques qui motivent la décision du gouvernement, elle représente une avancée importante, estime l'historien Bertrand Perz, membre de la commission d'historiens chargée de dresser le bilan des spoliations en Autriche, à l'époque nazie. Nous restons cependant très vigilants sur le contenu des accords à venir et sur le temps que cela va prendre avant le versement des premiers paiements.»

La semaine dernière, le gouvernement a chargé Maria Schaumayer de trouver une solution «juste et rapide» à ce brûlant dossier. Un choix de personne judicieux: à 68 ans, cette ancienne présidente de la Banque nationale est une figure respectée des milieux d'affaires, avec lesquels elle va devoir traiter avec fermeté. Son père, catholique convaincu, avait perdu son emploi de directeur d'école à l'arrivée de Hitler en Autriche. Elle-mê