C'est par un copain qu'ils ont appris l'affaire. Ou par un frère, ou
par un collègue. Puis, ils sont entrés dans ce réseau qui tourne à coup de tracts sur l'Internet, de comités éclatés. Samedi, sans autre battage que ce militantisme de bouche à oreille, plus de 7 000 personnes ont défilé à Paris pour la libération de Mumia Abu Jamal, journaliste noir américain, ex-Blacks Panters, condamné à mort, en 1982, pour un meurtre qu'il nie. Contre ce procès, «qui a échoué à remplir les critères minimaux d'équité et de légalité», selon Amnesty, les ultimes recours doivent être tranchés en avril.
Rarement, dans un cortège, les marcheurs ont été aussi émus. Odile, 55 ans, venue d'un village du Doubs: «Des fois, la rage me prend. J'appelle le consulat des Etats-Unis et je dis: "Je vous préviens, pourritures, si Mumia est exécuté, ça va sauter.» Elsa, 15 ans, lycéenne à Corbeil-Essonnes: «Mumia a changé ma façon de voir le monde. Avant, je croyais que le FBI, ça n'existait que dans les feuilletons. En fait, ils font vraiment des machinations pour tuer les gens qui protestent. Qu'est-ce que je vais devenir s'il meurt?» En 1968, au début de la répression contre la contestation noire, Hoover, patron du FBI, écrivait: «Il faut empêcher la naissance d'un messie qui pourrait unifier le mouvement noir. Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s'ils succombent à l'enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts.»
Depuis sa geôle, Abu Jamal le charismatique écrit t