Cortèges séparés. Littéralement scindés en deux avenues femmes d'un côté, hommes de l'autre , les islamistes étaient venus de tout le pays. Jeunes, vieux, femmes voilées pour l'écrasante majorité ou en jeans et talons, tous n'avaient qu'un mot d'ordre décliné en plusieurs slogans ou banderoles en arabe, mais aussi en français: «Contre les élites occidentalisées» et «pour le respect des valeurs musulmanes». «Emancipation de la femme oui, aliénation non»; «dignité de la femme», lançaient les manifestant(e)s, le doigt pointé en l'air, signe de l'unicité de Dieu. «Ce n'est pas une contre-marche, c'est la marche des femmes marocaines contre toute immixtion étrangère dans nos affaires culturelles. On peut reprocher beaucoup de choses à la mudawana (code du statut personnel, ndlr). Mais il faut un dialogue et un consensus national pour la modifier», affirmait Nadia Yassine, la porte-parole de Al-Adl wa Lihsane, qui défilait en tête de la manifestation aux côtés des dirigeants du PJD.
C'est en effet la réforme de la mudawana, qui fait des femmes d'éternelles mineures (Libération du 8 mars), qui a provoqué un violent débat entre «modernistes» et islamistes.
La controverse n'est, certes, pas nouvelle. Mais elle s'est aggravée avec l'irruption des islamistes sur la scène politique au cours de la dernière décennie. Le clivage a carrément tourné à l'affrontement verbal avec la présentation d'un projet gouvernemental «pour l'intégration de la femme au développement»,