Au cours de ses vingt-deux ans de pontificat, Jean Paul II a déploré près de cent fois le comportement des catholiques à travers le temps: «les énormes souffrances» des Indiens d'Amérique, la pratique de l'esclavage, «les torts infligés aux non-catholiques». Hier, lors d'une cérémonie à la basilique Saint-Pierre, il a finalement tiré la somme de ses mea culpa partiels et successifs, dans le cadre du jubilé de l'an 2000 et à l'occasion du premier jour du carême, en présidant une «célébration pénitentielle» pour tous les péchés commis par l'Eglise catholique au cours des siècles.
Purification. «C'est une cérémonie qui n'a pas de précédent historique», avait souligné mardi le cardinal Joseph Ratzinger, préfet pour la Congrégation de la doctrine de la foi. Après une procession des cardinaux devant la Pietà de Michel-Ange, Jean Paul II les a rejoints et a récité une «prière universelle» à proximité du crucifix de San Marcello. La présence de cet objet sacré «entend souligner que la confession des péchés et la demande de pardon s'adressent à Dieu, qui, seul, peut pardonner», a indiqué Mgr Piero Marini, maître des célébrations liturgiques pontificales. Une précision essentielle aux yeux de l'Eglise, qui n'a cessé de rappeler que cette repentance ne s'adressait pas directement aux hommes, mais à Dieu. «L'Eglise ressent la nécessité d'une purification de la mémoire, a explicité le cardinal Ratzinger, mais l'Eglise d'aujourd'hui ne peut se constituer comme un tribunal