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Interview

Pour Emilio Lamo de Espinos sociologue et chroniqueur politique: «L'Etat est enfin pleinement démocratique».

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publié le 14 mars 2000 à 22h52

Célèbre chroniqueur politique, Emilio Lamo de Espinosa est

professeur de sociologie et directeur du centre de recherche Ortega y Gasset, à Madrid. Il estime que les socialistes, contrairement à la droite, ont raté leur transition générationnelle.

On a toujours dit que l'Espagne était une nation de «centre gauche». Le triomphe sans partage du PP à l'issue de ces élections marque-t-il un tournant?

C'est indéniable. Depuis le début de la démocratie espagnole, la culture sociopolitique du pays a toujours été liée à un sentiment antifranquiste très profond, lequel avait favorisé le développement d'une gauche et d'un centre gauche. A partir de 1989, le débat idéologique s'est lentement déplacé vers le centre. En outre, le corps électoral a changé. Au cours de ce scrutin, 2,5 millions de jeunes, qui n'avaient pas voté aux élections de 1996, ont exprimé leur choix. Il y a un autre facteur déterminant: la droite ne fait plus peur. En 1996, au dernier moment, l'électorat de gauche s'était mobilisé face à l'épouvantail du PP, un parti héritier d'Allianza Popular, lui-même dominé par la vieille garde franquiste. Au cours de ses quatre ans au pouvoir, José Maria Aznar a su tranquilliser l'électorat et mener une politique de centre droit modérée. D'une certaine manière, cette majorité absolue du PP vient clore définitivement la transition, cela consacre un Etat enfin pleinement démocratique.

Majoritaire au Sénat et aux Cortès, très implanté au niveau régional et local, n'y a-t-il pas un risq