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Libération

Kosovo: violents incidents à Mitrovica. Une quinzaine de Serbes blessés lors de heurts avec les soldats français.

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publié le 16 mars 2000 à 23h37

Mitrovica, envoyé spécial.

Talkie-walkie à la main, entouré d'une phalange de jeunes sportifs en survêtement, Vlado enrage face aux soldats français, impassibles sous les insultes, serrés derrière leur bouclier, la visière de leur casque maculée de crachats. Des cris fusent. «Trahison! Trahison!» Des canettes rebondissent sur le blindage des véhicules qui protègent la cage d'escalier d'un immeuble où a trouvé refuge un vieil homme albanais accusé par les Serbes d'avoir poignardé l'un des leurs. Sans le moindre début de preuve. La compagnie parachutiste, arrivée à la hâte, vient de le sauver in extremis du lynchage. La foule, massée sur les trottoirs, réclame «du sang pour le sang». Des femmes excitent un petit groupe d'adolescents au crâne rasé, armés de battes de base-ball. «La France nous a lâchés, hurle une institutrice, elle a aujourd'hui fait la preuve qu'elle ne valait pas mieux que l'Amérique.»

Les incidents ont embrasé les quartiers nord de Mitrovica dès le petit matin. A l'aube, hier, après l'échec de longues négociations avec les responsables nationalistes serbes qui tiennent sous leur coupe cette partie de la ville, le général Pierre de Saqui de Sannes, patron du détachement français de la force internationale déployée au Kosovo (Kfor), donne l'ordre à ses hommes de dégager sur 200 mètres les abords du «pont de l'Est», où les «groupes d'autodéfense» serbes montent depuis huit mois une garde illégale, contrôlant les identités des passants voulant traverser la rivière