Dakar, envoyé spécial.
C'est un pari polémique, sans objet parce qu'invérifiable, mais qui tient à nombre de Dakarois lieu de profession de foi électorale: «Si Abdou Diouf était abandonné dans un quartier de la capitale, retrouverait-il seul le chemin de la présidence?» Poser la question, c'est y répondre. Personne n'est prêt à miser sur la capacité du chef de l'Etat, au pouvoir depuis dix-neuf ans, à s'orienter en dehors de son lieu de réclusion. Entre Diouf et Dakar, dont la communauté urbaine abrite désormais quelque 3,5 millions d'habitants, soit un quart de la population sénégalaise, le divorce est consommé. En deux décennies d'un règne, qui sera mis en ballottage ce dimanche lors du second tour de la présidentielle, mettant face à face Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade, l'éternel opposant, la capitale a profondément changé. Le tour de ses hauts lieux de luxe et de ses bas-fonds de misère explique pourquoi elle a basculé dans l'opposition.
La pointe des Almadies. Le cap le plus occidental du continent africain a été, longtemps, un lieu de villégiature. Les Dakarois aisés s'y rendaient pour manger fruits de mer ou poisson. Puis certains y ont construit des maisons cossues, à l'abri d'enceintes recouvertes de bougainvillées. Mais aujourd'hui, la zone résidentielle autour de l'aéroport internationale est un ghetto de nouveaux riches, dont les villas et palais font étalage d'opulence. Ministres, avocats et commerçants s'y sont établis à demeure, entre un Club Méditerranée, u