Taipei, envoyé spécial.
Tina, une étudiante de Taipei, se crispe dès qu'on lui parle de la Chine. «Je ne suis pas chinoise, je suis taïwanaise. Je déteste les Chinois, je ne veux rien avoir à faire avec eux" Nous n'avons jamais rien eu de bon de la Chine.» Cette jeune Taïwanaise rêve de visiter le Japon, l'Europe, l'Amérique, pas de traverser le mince détroit qui sépare son île du continent chinois. Gloria, l'une de ses copines, elle aussi étudiante, prend le contre-pied. Elle n'approuve pas le régime communiste et n'aimerait pas vivre en Chine populaire. Mais elle espère pouvoir y passer quelques mois, à Pékin ou à Shanghai, «pour étudier, pour mieux connaître». Elle se considère à la fois «chinoise et taïwanaise».
Ces positions opposées de deux jeunes habitantes de Taipei, que tout par ailleurs rapproche, symbolisent l'un des clivages majeurs en toile de fond de l'élection présidentielle de demain à Taiwan. Tina, Taïwanaise de souche, a longtemps hésité entre le candidat indépendantiste, Chen Shui-bian, et celui du pouvoir sortant, Lien Chan. Elle votera finalement pour ce dernier, porteur d'un nationalisme taïwanais modéré, «par souci de stabilité». Gloria, de son côté, est descendante de Chinois arrivés à Taiwan dans la foulée de la défaite du Kuomintang (KMT) face aux communistes en 1949. Et, comme toute sa famille, elle votera demain pour James Soong, le candidat indépendant, favori des «continentaux» et plus ouvert à des négociations avec Pékin.
Identité politique. Les