Strasbourg, envoyé spécial.
Un soldat français arrive sur la place Kléber, portant un drapeau allemand. Au son de la marche d'Austerlitz, d'autres militaires suivent avec d'autres drapeaux européens. Alignés en rangs d'oignons, les chefs d'état-major de dix armées de terre européennes les saluent. Les maisons de cette place strasbourgeoise n'ont guère changé depuis 1944, lorsque le général Leclerc libérait la ville. Mais jeudi soir les militaires qui paradaient donnaient cette fois-ci un coup de pouce à l'Europe, fut-elle kaki.
Les grands patrons des armées de terre européennes se retrouvent ainsi régulièrement pour des entretiens «informels et conviviaux», selon un participant. C'est le «comité Finabel», un mot formé à partir des initiales des sept pays fondateurs: France, Italie, Pays-Bas (Nederland), Allemagne, Belgique, Espagne et Luxembourg auxquels se sont joints le Royaume-Uni, le Portugal et la Grèce. Cette structure indépendante des organisations européennes ou de l'Otan, s'est réunie vendredi pour sa 58e session. «C'est un club», résume un officier, au sein duquel les généraux travaillent à renforcer leur coopération. Sur des dossiers concrets, comme la mise en commun des champs de tirs, mais également sur les évolutions des forces terrestres. «Nous allons réfléchir au problème du contrôle des foules», le mot militaire pour maintien de l'ordre à l'extérieur, assurait le chef d'état-major de l'armée de terre française Yves Crène, à l'ouverture des travaux qui se tie