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Libération

Tunisie, un pays «gouverné par la police».

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Un rapport dénonce le quadrillage et l'arbitraire.
publié le 18 mars 2000 à 23h31
(mis à jour le 18 mars 2000 à 23h31)

On devrait être à Tunis. «Mais là-bas, nous n'aurions jamais réussi à obtenir de salle publique, les journalistes tunisiens auraient reçu l'ordre de nous boycotter et la police aurait trouvé un moyen pour que la conférence de presse ne puisse pas se tenir», dit Sadri Khiari. Donc, c'est à Paris que fut présenté jeudi le premier rapport depuis 1994 sur la situation des libertés en Tunisie, produit en Tunisie et par des Tunisiens, ceux du Conseil national des libertés (CNL), association non reconnue par les autorités. On l'aura compris: si le pays vit, selon le CNL, une de ses périodes les plus noires d'oppression et d'étouffement, le problème est également de réussir à le faire savoir.

Fichés. Tant d'obstination valait la peine. Plus qu'un recensement sur les violations des droits de l'homme, le rapport du CNL constitue une sorte de visite guidée à l'intérieur d'un des mécanismes de répression les plus sophistiqués, dans un pays où c'est «la police qui gouverne». Encadré par 130 000 agents de sécurité (autant que la France qui compte six fois plus d'habitants), le Tunisien est «une des personnes les plus fichées du monde», doté d'une carte d'identité à code barre, où figure son casier judiciaire, ses convictions politiques mais aussi des données concernant ses moeurs ou sa carrière professionnelle. Ce quadrillage inouï a permis de transformer les actes les plus simples de la vie d'un citoyen ­ comme louer une maison, solliciter un document administratif, post