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Libération

Le grand écart du président taiwanais. Prônant la souveraineté de l'île, il est prêt à aller à Pékin.

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publié le 20 mars 2000 à 23h29

Taipei, envoyé spécial.

Dans un geste de défi sans précédent, les Taïwanais ont élu samedi à leur tête l'homme contre lequel Pékin avait lancé trois jours plus tôt une mise en garde sans équivoque: «Vous n'aurez pas une seconde occasion de le regretter», leur avait dit le Premier ministre chinois Zhu Rongji. Malgré cela, Chen Shui-bian, 49 ans, est devenu le deuxième président taïwanais élu au suffrage universel; le premier, surtout, à ne pas être issu du Kuomintang, ce parti vestige de la guerre froide, qui s'est effondré après avoir régné sur cette île pendant un demi-siècle.

Des scènes d'immense joie ont éclaté dans les rues de Taipei, samedi soir, à l'annonce des résultats qui ont donné la victoire au candidat du Parti démocratique progressiste (DPP). La foule en délire, surtout composée de jeunes, agitant des drapeaux à l'effigie du nouveau président, a convergé vers le centre. En milieu de soirée, Chen Shui-bian est venu les remercier et leur promettre «la paix et la souveraineté».

Cette victoire est certes une claque au diktat de Pékin, mais c'est aussi, avec l'alternance politique, l'aboutissement du processus de démocratisation de Taiwan, engagé depuis les années 80 après un quart de siècle de dictature implacable imposée par le parti nationaliste Kuomintang (KMT) de Tchang Kaï-chek. La volonté d'en finir avec les pratiques corrompues du KMT a largement contribué à la victoire du candidat d'opposition.

Main tendue. Chen Shui-bian a profité de sa première apparition dev