Plus de 200 personnes sont mortes vendredi, brûlées vives dans l'église de la petite ville ougandaise de Kanungu, pour avoir cru que leurs gourous les sauveraient de l'apocalypse par le suicide collectif. La veille, les adeptes du Mouvement pour le rétablissement des dix commandements de Dieu avaient enfilé des tuniques blanches, vertes et noires, sacrifié une vache et commandé des caisses de sodas. Hommes, femmes et enfants ont chanté et dansé pendant plusieurs heures avant de mettre le feu à l'église où ils s'étaient barricadés. Hier, on ne savait toujours pas si leurs gourous (parmi lesquels un ex-opposant et deux prêtres excommuniés), qui leur avaient demandé de vendre leurs biens avant de se suicider, figuraient parmi les victimes.
Dans un pays où le pouvoir séculier a parfois pris des formes ubuesques (cf. Idi Amin Dada), les sectes rassemblent, depuis les années 80, désespérés et révoltés dans des mouvements messianiques parfois très violents. La prophétesse Alice Lakwena est sans doute la plus célèbre de ces nouveaux messies africains, dont l'armée de «croisés» a menacé militairement le pouvoir du président Museveni avant d'être écrasée en 1987. L'héritier d'Alice, Joseph Kony, continue de mener une guérilla sanglante à la tête de «Résistance armée du Seigneur» dans le nord de l'Ouganda. Les enfants et adolescents en sont les plus brutaux des acteurs et les principales victimes. En septembre 1999, la police ougandaise a pris d'assaut une ferme de l'Eglise du Dernier M