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Libération

Les crocs émoussés des Verts allemands. Réunis à Karlsruhe, les 750 délégués des Grünen ont du mal à se muer en parti de gouvernement.

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publié le 20 mars 2000 à 23h28

Berlin, de notre correspondante.

Revenus en congrès sur le lieu de leur naissance, à Karlsruhe, les Verts allemands ont pu mesurer ce week-end le chemin parcouru en vingt ans, et leurs difficultés à se muer en parti de gouvernement. Mal à l'aise dans leur nouveau rôle de parti au pouvoir, déçus par le peu de poids que leur laisse le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, les 750 délégués rassemblés à Karlsruhe ont montré les dents et grondé d'autant plus fort qu'ils n'osent plus mordre: la muselière gouvernementale les en empêche.

Très remonté contre les projets de vente de blindés à la Turquie et aux Emirats arabes unis, actuellement à l'étude au gouvernement, le congrès s'est prononcé contre la vente d'armes à ces deux pays. A une infime majorité, le congrès a pourtant écarté la motion qui demandait que les Verts quittent le gouvernement en cas de livraison de chars à la Turquie: après un moment de frisson typique de leurs congrès, la menace a été rejetée par 305 voix contre et 296 pour.

Sur l'abandon du nucléaire, leur projet fondateur, les Grünen ont davantage encore limé leurs crocs: le mouvement, qui demandait à l'origine le débranchement immédiat des centrales, s'est rallié à la position du gouvernement qui vise à limiter à trente ans la durée de fonctionnement des centrales. Les Verts se sont contentés d'exhorter le gouvernement à conclure «rapidement» les négociations en cours avec les électriciens, sans poser d'ultimatum.

Après avoir fait oeuvre de tant de sens