La commission des droits de l'homme de l'ONU, qui s'est ouverte hier
à Genève pour six semaines, se veut «la conscience de la communauté internationale». Elle devrait cependant épargner toute condamnation à la Russie. En dépit des camps de filtration en Tchétchénie, des bombardements de population civile, des récits d'exécutions sommaires et de viols, les Occidentaux ne semblent nullement désireux d'embarrasser Vladimir Poutine.
Les Russes ont d'ailleurs fort bien joué. Après l'avoir fait patienter pendant des semaines, ils ont invité Mary Robinson, la haut-commissaire aux droits de l'homme, à se rendre début avril à Moscou et en Tchétchénie, ce qui freine, d'ici à son retour, toute mobilisation. Hier, Mary Robinson a déclaré son intention de «rendre compte» de son voyage devant la commission.
L'autre sujet brûlant est la Chine. Devant la détérioration des droits de l'homme, les quelque 1 600 exécutions capitales en 1998 et la multiplication d'arrestations d'opposants, les Américains, qui seront appuyés jeudi à Genève par la secrétaire d'Etat Madeleine Albright, ont annoncé une résolution appelant à condamner Pékin. Les Européens pourraient leur emboîter le pas, après avoir misé sur le «dialogue constructif» avec Pékin sans guère de résultat. La perspective d'un raidissement européen a fait réagir Pékin: «Les pays occidentaux menés par les Etats-Unis brandissent le gourdin des droits de l'homme pour s'ingérer dans les affaires intérieures des pays en développement», a tempêté l