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Libération

Dimanche, élection présidentielle en Russie. Ivan, jeune manager, se résigne à Poutine. Pour cet industriel, la victoire du favori sera un moindre mal face au danger communiste.

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publié le 23 mars 2000 à 23h20

Moscou, de notre correspondante.

Ivan Ielachkine, jeune patron moscovite, attend avec une certaine appréhension l'élection de Vladimir Poutine, grand favori de la présidentielle de dimanche. «Je préférerais qu'il passe au second tour et avec une petite marge, explique-t-il; ça l'obligerait, d'ici là, à dévoiler son programme. Trop populaire, aujourd'hui il se tait.» A 26 ans, Ielachkine est déjà à la tête de deux entreprises ­ Rotek et WestCall ­ qui fournissent des équipements de téléphonie et de télévision. Grand et blond, carré sous son costume sombre, il appartient à cette nouvelle classe de jeunes businessmen (en russe), essentiellement moscovites, aux allures et à la mentalité occidentales, qui rêvent de se mesurer au marché international.

Ielachkine est un partisan de Grigori Iavlinski, candidat de Iabloko, formation réformatrice d'opposition, à la présidentielle. Mais il sait la victoire de Poutine inéluctable et se veut optimiste. «Il aura des tendances autoritaires mais je crois qu'on évitera le pire, estime-t-il; il fera ce qui lui sera le plus profitable: il écoutera l'Ouest et poursuivra les réformes.» Ce que Ielachkine redoute le plus, c'est le risque d'étatisation et de retour aux grands monopoles que font courir les promesses de Poutine d'un «renforcement de l'Etat». «Dans un pays normal, européen, le changement d'un chef de l'Etat ne remet pas tout en cause: les grandes lignes restent les mêmes. Mais ici, toute l'économie en dépend, déplore-t-il; du futur élu