Kraljevo, envoyé spécial.
La foule rit, crie et se moque. C'est à qui sifflera le plus fort Slobodan Milosevic, son épouse, Mira Markovic, ou le ministre de l'Information, ces «bandits rouges!».
Tous les soirs à 18 heures, les habitants de Kraljevo s'assemblent sur la place publique pour protester contre le ministre de l'Information. Ils réclament leur émetteur de télévision, confisqué le 17 mars. Ce soir-là, un véhicule sans plaques s'arrête devant la tour de diffusion de la télévision locale de Kraljevo, captée par 750 000 spectateurs dans 17 localités. La chaîne municipale, détenue par la mairie d'opposition, est très populaire dans la région. Menaçant les gardiens, quatre hommes s'emparent de l'émetteur, brandissant un prétendu rapport à la signature illisible.
Le cas de Kraljevo n'est pas unique. Depuis un mois, radios et télévisions des villes gérées par l'opposition sont harcelées par le pouvoir, qui use de tous les moyens: amendes faramineuses, tabassages, destruction ou confiscation du matériel, ou tout simplement fermeture des médias. Le ministère fédéral des Télécommunications invoque la pénurie de fréquences légales. Or il n'a jamais répondu à la candidature déposée par Radio-TV Kraljevo, qui s'acquitte cependant, à la demande du même ministère, de droits de diffusion sur une fréquence temporaire.
«Laver le cerveau.» Selon plusieurs observateurs, le régime s'apprêterait à organiser des élections locales surprises, le plus tôt possible par peur de les perdre. La popul