Londres, intérim.
La chambre 40 de la Haute Cour de justice de Londres a perdu hier son caractère austère habituel lorsque, vers 13 heures, le juge a expliqué que le ministre de l'Education avait renoncé à exiger la fermeture de la célèbre école de Summerhill. Les «enfants de Summerhill» présents dans la salle d'audience ont aussitôt levé les bras en signe de victoire et bruyamment exprimé leur joie, une scène digne du film le Cercle des poètes disparus" Professeurs, parents, élèves, tous se sont félicités d'avoir su aller jusqu'au bout, même si, durant les audiences, ils avaient compris que la survie de l'école serait difficile à plaider.
Comment l'établissement s'est-il retrouvé devant les tribunaux? Pour Zoe Readhead, sa directrice, c'est avant tout l'acharnement d'un système éducatif qui s'obstine à tuer dans l'oeuf des initiatives pourtant épanouissantes pour les élèves. L'école, fondée en 1921 par A. S. Neill, considérée comme révolutionnaire par les enseignants traditionnels, a été rendue célèbre dans les années 60 par la publication du livre Libres Enfants de Summerhill. Le fondateur-écrivain y expliquait sa conception: «Un lieu où l'on peut sécher les cours pour aller plonger, éventuellement nu, dans la piscine.» Toutes les décisions y sont prises par les membres, et chaque voix d'un enfant compte autant que celle d'un adulte. «Cette école est mon foyer, ma famille, où j'exerce mes droits», avait ainsi résumé Alex Coad, 14 ans, un des 60 élèves actuels de Summerhill.