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Libération

L'armée serbe a le moral en berne. Un an après la défaite du Kosovo, la loyauté des militaires est sujette à caution.

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publié le 25 mars 2000 à 23h18

Belgrade, correspondance.

Un an après le début des frappes de l'Otan, la quatrième guerre perdue de Milosevic en dix ans, beaucoup se demandent si l'armée fédérale, composée de Serbes et de Monténégrins, obéirait sans broncher à l'ordre d'intervenir pour «discipliner» les velléités réformatrices de Monténégro ou à celui, souvent évoqué de manière déclamatoire, de «retourner» au Kosovo. Se battrait-elle contre les Musulmans du Sandzak, voisin de la Bosnie, une région dont l'hebdomadaire militaire Vojska souligne la plus haute importance stratégique pour l'actuelle Yougoslavie? Ou contre les 75 000 Albanais du sud-est de la Serbie où les séparatistes font de plus en plus fréquentes incursions? On se demande aussi si l'armée accepterait de sortir ses chars pour mater une éventuelle révolte populaire, comme elle l'avait fait en mars 1991 à Belgrade sur l'ordre de Milosevic.

Vuk Obradovic, ancien général entré en dissidence, pense que si Milosevic venait à ordonner une intervention au Monténégro, l'armée yougoslave se désintégrerait. «Ce serait la guerre civile. Milosevic, dit l'ancien militaire, en est conscient. Il sait que le monde ne resterait pas les bras croisés. Il n'attaquera pas le Monténégro, mais y provoquera sans doute de graves incidents», ajoute cet ancien porte-parole de l'armée, aujourd'hui chef d'un parti d'opposition.

Vuk Obradovic est convaincu que le chef de l'état-major de l'armée yougoslave, le général Nebojsa Pavkovic, ne marcherait pas sur le Monténégro. Des