Korazim, envoyé spécial.
Na'amat montre les cohortes de fidèles qui pataugent dans la boue: «Il y a trente ans, la jeunesse allait à Woodstock et fumait du haschisch. Voyez ce qu'elle est devenue», dit-il avec fierté. Devant lui, une marée humaine s'étend jusqu'à une scène rouge et verte digne d'un immense concert. Ce sont surtout des adolescents aux traits tirés après une nuit d'attente. Certains somnolent sur des bâches en plastique déjà dégoulinantes de terre. D'autres chantent sur des rythmes latino en s'accompagnant à la guitare. Plus loin, des Croates ont formé une ronde sautillante. Ils sont prêts de 100 000 à guetter dans le ciel l'apparition de l'hélicoptère papal.
De confession grecque-catholique, Na'amat est venu du Caire entendre Jean Paul II célébrer la messe sur la montagne où Jésus prononça son sermon. Il l'avait déjà suivi un mois plus tôt en Egypte, des bords du Nil au mont Sinaï. «Mais c'est ici que le christianisme est né», explique-t-il. Aux alentours, les panneaux indicateurs sortis des Evangiles échauffent à eux seuls les esprits. Le sommet de la colline, nivelé au bulldozer, entouré de grillages et de policiers, surplombe la masse cotonneuse et inerte du lac de Tibériade. «Je ne pensais pas que c'était si vert», regrette un Français qui ne parvient pas à faire concorder ses représentations bibliques et ce paysage d'Auvergne.
Banderoles et keffieh. Comme depuis le début du voyage pontifical, la politique flirte tout le temps avec la religion. Les bander