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Portrait

La Russie s'apprête à couronner Poutine

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108 millions d'électeurs sont appelés aux urnes dimanche. La victoire est assurée pour le président par intérim, ancien du KGB et responsable de la guerre en Tchétchénie. Malgré un passé lourd et des ambitions obscures, Vladimir Poutine est considéré comme le sauveur d'une Russie humiliée. Portrait d'un étrange fantôme aux mains de fer.
publié le 25 mars 2000 à 23h18

«Ma vie est simple comme une ligne de la main: après l'école, je suis entré à l'université; de l'université, je suis allé au KGB; du KGB, à la mairie de Saint-Pétersbourg; de là, à l'administration présidentielle à Moscou; ensuite au FSB (successeur du KGB); puis je suis devenu Premier ministre, puis président par intérim"» Avec sa sidérante platitude, l'introduction de Vladimir Poutine à son livre-interview (1) résume l'un des grands traits de caractère du personnage: sa banalité.

Ne serait l'auréole de mystère qui entoure son passé d'espion, la personnalité du président russe par intérim ­ assuré d'être élu ­ ne susciterait guère de passion. Blond et pâle, terne et peu expressif, Vladimir Poutine, 47 ans, est pourtant aujourd'hui l'homme le plus populaire de Russie. Pareil ­ ou se voulant tel ­ à ceux qu'il courtise, il promet tout sans que l'on sache comment il tiendra ses promesses. Et on le croit. Pour l'Occident, il est l'un des leaders les plus énigmatiques de la planète.

Toujours du bon côté De son passé, ressortent quatre constantes: l'ambition, le pragmatisme ou l'opportunisme, la loyauté au chef, enfin le goût de l'ombre. A chaque époque, Poutine se trouve du bon côté. Sous le communisme, il est officier du KGB. Durant la perestroïka, adjoint du maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak, l'une des figures des changements démocratiques. Enfin sous l'ère Eltsine, il sert la Famille (le clan présidentiel) qui en fait le dauphin officiel.

Jusqu'ici Poutine était surtou