«Ma vie est simple comme une ligne de la main: après l'école, je suis entré à l'université; de l'université, je suis allé au KGB; du KGB, à la mairie de Saint-Pétersbourg; de là, à l'administration présidentielle à Moscou; ensuite au FSB (successeur du KGB); puis je suis devenu Premier ministre, puis président par intérim"» Avec sa sidérante platitude, l'introduction de Vladimir Poutine à son livre-interview (1) résume l'un des grands traits de caractère du personnage: sa banalité.
Ne serait l'auréole de mystère qui entoure son passé d'espion, la personnalité du président russe par intérim assuré d'être élu ne susciterait guère de passion. Blond et pâle, terne et peu expressif, Vladimir Poutine, 47 ans, est pourtant aujourd'hui l'homme le plus populaire de Russie. Pareil ou se voulant tel à ceux qu'il courtise, il promet tout sans que l'on sache comment il tiendra ses promesses. Et on le croit. Pour l'Occident, il est l'un des leaders les plus énigmatiques de la planète.
Toujours du bon côté De son passé, ressortent quatre constantes: l'ambition, le pragmatisme ou l'opportunisme, la loyauté au chef, enfin le goût de l'ombre. A chaque époque, Poutine se trouve du bon côté. Sous le communisme, il est officier du KGB. Durant la perestroïka, adjoint du maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak, l'une des figures des changements démocratiques. Enfin sous l'ère Eltsine, il sert la Famille (le clan présidentiel) qui en fait le dauphin officiel.
Jusqu'ici Poutine était surtou