Moscou, de notre correspondant.
Si, depuis le début de la guerre en Tchétchénie, les chaînes de la télévision russe et d'abord les chaînes nationales, ORT, la plus regardée et accessible partout en Russie, et RTR, la chaîne nationale montante ont montré quelles étaient l'organe suprême de la désinformation, la campagne de l'élection présidentielle a montré que ces mêmes chaînes constituaient une sorte de «comité central de la propagande». Un organe voué à servir jusqu'à la servitude la candidature de Vladimir Poutine et à desservir ses adversaires, en les dénigrant ou en les ignorant.
Flagrant écart. Alexeï Pantkine, rédacteur en chef de la revue Creda, spécialisée dans l'étude des médias, a fait le décompte du temps consacré à chacun des principaux candidats dans les journaux télévisés des quatre grandes chaînes: ORT, RTR, TV-Centr (chaîne du maire de Moscou, qui soutient depuis peu Poutine) et NTV (chaîne privée d'opposition, propriété du financier Gousinski). Entre le 22 février et le 23 mars, 2 447 minutes ont été consacrées à Poutine, 286 au communiste Guennadi Ziouganov, 284 au candidat d'extrême droite, Vladimir Jirinovski, 178 au démocrate Grigori Iavlinski, 115 au gouverneur de la région de Kemerovo, Aman Touleev.
Si l'on s'en tient aux seules chaînes d'Etat, l'écart entre Poutine et les autres est encore plus flagrant. Chaque soir, Vremia, le très regardé journal de la première chaîne, ORT, rendait compte du moindre déplacement non du candidat Poutine mais du prés