Jean Paul II a pu s'extraire sans encombre du dédale de ruelles, de croisements et de culs-de-sac de la vieille ville de Jérusalem. La dernière étape de son voyage en Terre sainte était aussi la plus périlleuse. Il l'a franchie avec la même aisance que les précédentes. Là où tant de dignitaires étrangers ont trébuché, il est parvenu à arracher le respect de presque toutes les parties prenantes au conflit. Une prouesse d'autant plus remarquable que le souverain pontife, durant tout son séjour, n'a rien dit de nouveau, ni sur l'Holocauste ni en matière de politique étrangère vaticane.
Mutisme. S'il est sorti indemne de tant d'épreuves, il le doit à ses silences. Sur ce champ de bataille quasi permanent, il n'est pas venu rappeler le droit, mais faire des gestes de bonne volonté. Il a embrassé le sol palestinien, tendu la main aux réfugiés, ranimé la flamme du mémorial de l'Holocauste, rendu hommage au patriarche orthodoxe grec et enfin touché le mur des Lamentations. Avare de mots, parfois inaudible du fait de sa maladie, il a initié une diplomatie du geste. Avant tout, le gouvernement d'Ehud Barak lui sait gré de ses omissions. Il redoutait moins un sermon du pape sur l'Etat palestinien que sur le statut de Jérusalem. Dès qu'il s'agit de la ville trois fois sainte, la parole du chef de l'Eglise catholique compte plus que les discours de n'importe quel homme d'Etat. Du maire Likoud, Ehud Olmert, à la plus haute autorité musulmane, le mufti Ikrimah Sabri, en pas