Abidjan, de notre correspondante.
Trois mois après le coup d'Etat, le débat s'est déplacé en Côte-d'Ivoire: de l'«ivoirité», chère à l'ex-président Bédié, il a dérapé vers le «bradage de la nationalité ivoirienne». De quoi s'agit-il? L'«affaire» des fausses cartes d'identité attribuées à des étrangers a été lancée il y a plusieurs semaines par le Front populaire ivoirien (FPI) du socialiste Laurent Gbagbo. Il y dénonçait une «fraude massive» qui permettrait à un très grand nombre d'étrangers d'obtenir des cartes d'identité ivoiriennes. Et, donc, de voter. En filigrane, c'est Alassane Ouattara, censé en bénéficier, qui était accusé d'être l'instigateur de la fraude. Le chef du Rassemblement des républicains (RDR), un musulman du Nord, récupérerait ainsi les voix des immigrés venus des pays voisins qui partagent la même appartenance ethnique et culturelle dioula.
A l'approche du référendum constitutionnel, prévu le 30 avril, la polémique fait rage. Le RDR parle de «manipulation» et demande une commission d'enquête. Côté accusateurs, le FPI a trouvé un allié de poids avec l'ancien parti au pouvoir, le PDCI. La semaine dernière, l'opposant Laurent Gbagbo et le secrétaire général de l'ancien parti unique, Laurent Dona-Fologo, se sont retrouvés pour alerter l'opinion. Ce qui ne manque pas de piquant: la distribution de cartes d'identité ivoiriennes aux étrangers remonte, en fait, à 1990, à l'époque de la première élection présidentielle «ouverte» qui opposa Félix Houphouët-Boigny à