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Libération

A l'ONU, la frilosité prévaut sur la Tchétchénie. Pressions du Kremlin sur la Commission des droits de l'homme.

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publié le 30 mars 2000 à 23h11

Genève, de notre correspondant.

Des bombardements aveugles en Tchétchénie, des exécutions sommaires de civils, de sinistres camps de filtration? Pas le moins du monde. Avec aplomb, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Ordzhonikidze, a expliqué hier aux membres de la Commission des droits de l'homme de l'ONU que la guerre en Tchétchénie est «une guerre contre les bandits» où «toutes les mesures possibles ont été prises pour épargner les civils». Il a pris soin de souligner l'exemplarité des forces russes, rejetant comme «infondées» toutes les assertions de violations des droits de l'homme.

Ce discours intervient à trois jours du départ en Tchétchénie de Mary Robinson, la haut-commissaire aux droits de l'homme, après que les autorités russes l'ont fait lanterner pendant des semaines. Elle s'est engagée «à faire rapport» de son voyage, ce qui inquiète Moscou. Clairement, les autorités russes font pression sur elle comme sur les 53 pays de la Commission pour éviter toute condamnation de la «sale guerre».

Coincés entre les intimidations de Moscou et la nécessité de dénoncer les violations survenues en Tchétchénie, les Etats sont d'une frilosité absolue à Genève: les Américains regardent les Européens qui regardent les Etats islamiques" qui se regardent entre eux pour savoir lequel serait assez courageux pour préparer un projet de résolution devant la Commission des droits de l'homme. La réponse est simple: pour l'instant, personne n'est prêt à indisposer Moscou.