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Libération

Coulisses bruxelles. Métamorphose européenne.

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publié le 31 mars 2000 à 23h11

La fonction fait l'homme: Pierre de Boissieu en sait quelque chose.

Ce diplomate, nommé secrétaire général adjoint du Conseil des ministres lors du sommet de Cologne, en juin dernier, a personnifié durant sept ans toute l'arrogance française à Bruxelles. Représentant permanent (ambassadeur) de la France auprès de l'Union entre 1993 et 1999, il a toujours considéré qu'il incarnait la France à lui seul: sûr de lui, dominateur, doté d'une intelligence brillante et d'un sens de la repartie hors du commun, il affiche sa supériorité et n'hésite pas à faire douloureusement sentir à ses interlocuteurs, ministres compris, qu'ils ne sont pas à sa hauteur ­ celle de la France, bien sûr. Cet aristocrate, toujours vêtu de la même veste bleu marine, n'a jamais caché son mépris envers les «petits pays», la Commission et le Parlement européen. Pour résumer sa pensée, l'Allemagne et la France sont, à ses yeux, le coeur et la raison d'être de l'Europe, le reste n'étant là que pour faire de la figuration. Autant dire que le Tout-Bruxelles redoutait le pire lorsqu'il fut bombardé adjoint de Javier Solana, le «M. Politique étrangère» de l'Union ­ qui cumule cette fonction avec celle de secrétaire général du Conseil des ministres. On s'attendait à une lutte au couteau, Boissieu essayant de s'emparer de la place du premier: après tout, Solana n'est qu'un Espagnol, qui plus est ancien secrétaire général de l'Otan et donc proaméricain" Surtout, n'allait-il pas casser une belle machine bureaucratique