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Libération

Secte tueuse: plongée aux racines du mal

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Près de 1000 morts déjà déterrés en Ouganda et les fouilles continuent. A l'origine, deux gourous infernaux.
publié le 5 avril 2000 à 23h41

Chaque chemin de l'ouest de l'Ouganda, région frontalière de l'ex-Zaïre en guerre et du Rwanda brisé par le génocide de 1994, est bordé d'écriteaux indiquant la direction d'une Eglise ou d'une secte. C'est sur cette terre malmenée par les régimes sanguinaires d'Idi Amin Dada et de Milton Obote qu'a eu lieu le plus grand massacre de ces dernières années, perpétré au nom d'une religion inventée par un fonctionnaire exalté, Joseph Kibwetere, et une prostituée opportuniste, Credonia Mwerinde (lire ci-contre). Après l'incendie ­ volontaire ou criminel ­ de l'église de Kanungu, le 17 mars, entraînant la mort de 400 fidèles, les policiers ougandais et leurs ilotes ­ des prisonniers sortis des geôles pour déterrer les corps en décomposition ­ ont découvert six autres fosses communes. Le nombre des victimes avoisinerait le millier, les fouilles continuent.

Il faudra du temps pour évaluer l'ampleur de ce drame. Les membres de la secte avaient interdiction de parler. Ils étaient constamment déplacés pour les séparer de leur familles et de leurs voisins. Les victimes étaient originaires d'autres régions de l'Ouganda, et même du Rwanda. Les «camps de transit» abritaient des centaines de déracinés, dont de nombreux enfants sans leurs parents. Dans un pays où s'occuper des siens est une tâche déjà trop lourde, les responsables de la secte pouvaient tuer tranquillement derrière les haies entourant leurs maisons.

Les complicités des notables locaux avec le Mouvement pour le rétablissement des