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Libération

Teruel, terre d'oubli en Espagne, ne veut pas mourir. Au coeur de l'Aragon, la région se dépeuple"" et lance un SOS à Madrid.

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publié le 6 avril 2000 à 0h16

Teruel (Aragon), envoyé spécial.

«Y'a plus rien à faire ici. Juste attendre que la mort vienne.» Economisant ses mots, le vieux Fernando s'arrime à sa canne et marche à petits pas vers le haut du village. Autour, tout est désert. La plupart des maisons sont fermées et seule une poignée de chiens errants rôdent dans les ruelles. A plus de 1 000 m d'altitude, au milieu de sombres pinèdes, d'une végétation rabougrie et de fermes à l'abandon, le gros village de Fortanete n'est plus que l'ombre de lui-même. Sur les 1 200 habitants qu'il comptait à la fin des années 50, il n'en reste plus que 110, dont une majorité de personnes âgées. A la faveur d'une lente émigration, Fortanete a perdu son curé, sa caserne de la guardia civil, son vétérinaire et ses maîtres d'écoles. Par chance, son médecin vit toujours ici. Dans l'école, où on dénombre 9 élèves, les professeurs viennent d'un village voisin. En août 1999, on a célébré ici un événement qu'on n'avait pas vu depuis longtemps: une naissance. «Comme les autres, j'ai failli partir, mais je me sens responsable de mes parents. Alors j'ai agi, pour que mon village natal ne soit pas rayé de la carte.» Lucia Domingo, 26 ans, allure garçonne et visage décidé, vient de prendre les rênes de la mairie de Fortanete, à la tête d'un conseil municipal composé de quatre autres jeunes. «La seule chance de survie, c'est le tourisme rural. Mais cela implique des aides de la Région ou de l'Etat et, comme on est peu nombreux, c'est difficile à obtenir.