Tokyo, de notre correspondante.
La politique japonaise réserve décidément peu de bonnes surprises. Après «le gouvernement du vide», pour reprendre l'expression utilisée par le quotidien Asahi pour qualifier le cabinet Obuchi, les commentateurs ne se faisaient guère d'illusions sur les qualités de son successeur Yoshiro Mori. Le nouveau Premier ministre du Japon, élu hier sans surprise par la Diète, où son parti et ses alliés disposent de la majorité, ne sera pas l'homme d'idées ni le meneur d'hommes que tous les Japonais ne cessent pourtant d'espérer. Immédiatement après son élection, Mori a reconduit l'ensemble du gouvernement.
Un «antileader». Pressenti dès les premières heures comme le successeur d'Obuchi, dans le coma après avoir été victime ce week-end d'une embolie cérébrale, Mori, 62 ans, est un apparatchik du Parti libéral démocrate (PLD) qui domine la vie politique nippone depuis un demi-siècle.
Il est l'élu d'une petite circonscription rurale située sur la côte japonaise tournée vers la péninsule coréenne. Une région où l'on cultive le riz et où le PLD fait toujours le plein des voix en promettant de protéger les paysans de la concurrence étrangère et de construire ici un pont, là un aéroport ou une liaison de Shinkansen, le TGV japonais. «Mori comme Obuchi sont des antileaders qui n'ont pas leurs propres idées et ne font qu'absorber tout ce qui leur semble utile», explique Takashi Inoguchi, professeur de sciences politiques à l'université de Tokyo. Des hommes du cons