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Libération
Reportage

GRAND ANGLE. Avant le retrait israélien de la zone occupée. Vies en sursis au Sud-Liban. Depuis l'annonce du départ de Tsahal, d'ici à juillet, l'enclave, et notamment les 3 000 miliciens pro-israéliens de l'ALS, vit dans la peur de futures représailles du Hezbollah.

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publié le 7 avril 2000 à 0h15

Marjayoun (Liban sud, occupé par Israël), envoyé spécial.

Ce n'est pas un poste-frontière comme un autre. Il y a bien un no man's land, territoire ingouverné, battu et rebattu par la guerre. Mais, de part et d'autre de celui-ci, les soldats qui contrôlent les passeports sont du même pays et affirment servir la même patrie. Les uns portent l'uniforme de l'armée libanaise. Les autres, des combinaisons estampillées par les Forces de défense israéliennes. Les miliciens de l'Armée de libération du Liban sud (ALS), les forces supplétives de Tsahal dans cette partie du Liban, ne cherchent pas à cacher qu'ils sont également au service de l'Etat hébreu. Au poste de contrôle, l'un d'eux, un gros balourd à moustache, plutôt sympa, tire brutalement en l'air pour intimer aux commerçants, qui attendent de se rendre dans l'enclave, de respecter la file d'attente. Puis, à l'adresse d'un autre milicien, il lâche en arabe une phrase qui dit tout le malaise des «harkis» d'Israël: «Voilà un journaliste. J'espère qu'il sera indulgent avec nous.» Une façon de dire que, pour lui et ses frères d'armes, le compte à rebours à commencé.

Soldats invisibles Israël veut retirer ses troupes avant le 7 juillet de cette portion du Liban qu'il occupe depuis 1982 et qui lui sert de zone tampon. Le gouvernement israélien l'a annoncé le 5 février. Il le fera avec ou sans l'accord de la Syrie. D'année en année, les pertes de Tsahal se sont multipliées dans cette région qui ne dépasse pas les 850 km2. Depuis 1995,