Dans l'Ogaden, la partie sud-est de l'Ethiopie, il n'a pour ainsi
dire pas plu depuis trois ans. Aussi ose-t-on à peine parler de la fin de la saison sèche et du début des précipitations annuelles qui, en ces confins arides et principalement habités de pasteurs nomades, est attendue fin mars, début avril, c'est-à-dire maintenant. En ces temps de soudure, les bergers et leurs troupeaux transhument vers le fleuve Shebele, le seul cours d'eau pérenne d'une région grande comme la Belgique. Par exemple à Gode, à environ 1 200 km d'Addis-Abeba, plus de 20 000 personnes se sont ainsi ajoutées, depuis quelques semaines, aux 40 000 habitants de la ville. Les enfants en bas âge sont les premiers à succomber. Hommes et bétail n'ont plus que la peau sur les os. Des carcasses de bovins jalonnent leur chemin d'exode. Après trois années de sécheresse, est-ce surprenant?
«Je pense que nous arriverons un peu tard», a déclaré, mercredi, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, «mais il n'est pas trop tard pour sauver des vies si nous réagissons dès maintenant». Et d'ajouter le refrain habituel sur «la nécessité de politiques de prévention». Or, justement, pourquoi a-t-il fallu attendre que les autorités éthiopiennes accusent, mardi, «les pays riches» de ne répondre à leurs appels à l'aide qu'en découvrant «des squelettes sur les écrans»? Pourquoi le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Seyoum Mesfin, a-t-il dû faire du porte-à-porte dans l'hôtel du Caire où logeaient, au déb