Harare, envoyée spéciale.
A l'extrémité de l'avenue de l'Unité, une immense tour de béton abrite le siège du Zanu PF, le parti au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe. Au pied de l'immeuble, un petit groupe s'est rassemblé. Selon les organisateurs, le meeting aurait dû réunir près de 8 000 personnes. Essentiellement des anciens combattants de la guerre d'indépendance, appelés à manifester leur soutien au pouvoir en place. Mais en réalité, seuls une poignée de militants endurcis ont fait le déplacement. Les discours virulents témoignent cependant de la détermination du dernier carré de fidèles au président Robert Mugabe. «L'esprit de nos ancêtres est avec nous. Et, s'il le faut, nous sommes prêts à donner notre sang. Car l'heure a sonné. Une nouvelle Chimurenga s'annonce», clame l'orateur aussitôt applaudi par la petite foule.
Chimurenga: la révolution. Ce fut le cri de ralliement des guérilleros partis en guerre contre le pouvoir blanc de la Rhodésie. Il y a tout juste vingt ans, le 18 avril 1980, la guerre s'achevait par la naissance d'une nouvelle nation indépendante, le Zimbabwe. Un anniversaire qui risque de susciter une certaine amertume alors que le pays est confronté à une crise économique et politique sans précédent. «Il y a quelques années encore, nous étions un pays plutôt sophistiqué qui pouvait se vanter de bénéficier d'un bon système de santé et d'un bon niveau de scolarisation. Aujourd'hui, les bâtiments des écoles sont en ruine, les hôpitaux manquent de