Lima, envoyé spécial.
La comparaison avec Hillary Clinton agace à l'évidence Eliane Karp mais elle s'impose. Même taille modeste, même orgueil dans le regard et même ambition avouée de ne pas être une première dame potiche. Eliane, certes, n'est pas encore première dame dans son pays et ne le sera peut-être jamais. Mais si son candidat de mari, Alejandro Toledo, devient président de la République du Pérou, il lui devra incontestablement la même fière chandelle que Bill Clinton à Hillary, dans sa conquête de la Maison Blanche en 1992.
Eliane, la «gringa». Les sondages n'écartent pas ce couplé gagnant. Le premier tour de l'élection se jouera dimanche, et Alejandro Toledo, pronostiquent-ils, peut infliger un ballottage à l'ultrafavori Alberto Fujimori, 62 ans, président sortant et candidat à un troisième mandat consécutif. Dans un tel scénario, tout serait possible lors du second tour en mai, y compris l'impensable: une déroute du «Chino» (surnom donné à Fujimori, en raison de ses origines japonaises). Eliane Karp se retrouverait alors première dame du Pérou.
Bel exploit pour une étrangère, car cette fille de bonne famille d'origine juive, de nationalité belge, a passé son enfance et son adolescence en Wallonie. Elle n'a toujours pas sollicité la nationalité péruvienne («je ne le ferai pas tant que le dictateur Fujimori sera au pouvoir»), mais peu de Péruviens connaissent aussi bien qu'elle leur propre pays. Lors des meetings, la gringa adore se lancer dans d'érudites comparaisons