Depuis des heures, ils attendaient de voir pour la dernière fois le «Combattant suprême». Mais lorsque le cortège funèbre est apparu, le choc a été immense: devant le cercueil d'Habib Bourguiba recouvert du drapeau rouge et blanc de la Tunisie, se trouvaient cinq «ninjas», soldats d'élite tunisiens, mitraillette, gilet pare-balles et cagoule noire" Le ton était donné: loin de la ferveur populaire de l'enterrement d'Hassan II du Maroc l'été dernier, les obsèques du père de l'indépendance tunisienne ont été le révélateur de la peur du régime. Des funérailles escamotées, manipulées, qui ont semé la frustration dans la population, et suscité la colère et l'amertume de la famille de l'ancien président. Les quarante-huit heures entre le décès, jeudi, du premier président de la Tunisie, et sa mise en terre, samedi, dans le mausolée familial que Bourguiba avait lui-même fait construire dans sa ville natale de Monastir, ont été marquées par ce malaise. Gérées par le régime actuel issu du «coup d'Etat médical» qui avait écarté Bourguiba du pouvoir en 1987 comme un événement à haut risque, ces deux journées risquent de rester gravées dans les mémoires tunisiennes comme un rendez-vous manqué.
Souci sécuritaire. Signe de ce malaise, la télévision tunisienne a reçu samedi matin l'ordre de ne pas diffuser les funérailles de Bourguiba en direct, alors que tout était prêt. La chaîne francophone par satellite TV5, qui avait prévu une émission spéciale, a elle aussi été p