Après la Croatie, où les électeurs ont balayé en janvier les
nationalistes au pouvoir pendant dix ans, la Bosnie semble, elle aussi, tourner le dos aux élites nationalistes musulmanes qui dirigeaient la vie politique à Sarajevo depuis une décennie. A l'issue des élections municipales d'hier, le Parti social-démocrate (SDP) de Bosnie-Herzégovine, attaché à la multiethnicité, affirme l'emporter dans une vingtaine de villes de la Fédération croato-musulmane, l'entité qui, avec la Republika Srpska, forme la Bosnie de l'après-Dayton. Ces résultats restaient hier soir à être confirmés même si le SDA, le Parti d'action démocratique du président Alija Izetbegovic, a déjà reconnu sa défaite dans les quatre municipalités de Sarajevo. Symbole de la multiethnicité pendant la guerre, la ville était devenue un bastion du pouvoir nationaliste. Serbes et Croates ont en revanche de nouveau donné leur confiance aux partis qui les ont menés pendant la guerre.
Le SDP, qui ne contrôlait jusque-là que Tuzla, la deuxième ville de la Fédération, affirme être en passe de devenir le premier parti de la région. Il aurait emporté un quart des municipalités de la Fédération, dont Zenica, ancien fief nationaliste musulman.
Avant les élections, l'OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe), qui organisait le scrutin, avait appelé les électeurs à opter pour le changement et à faire de la vie quotidienne leur priorité. Comme en Croatie, les électeurs ont d'abord procédé à un vote-sanction.