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Libération

«S'ils veulent nous prendre, qu'ils nous prennent».

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Les «dissidents» ont de moins en moins peur de la dictature et osent parler.
publié le 10 avril 2000 à 0h11
(mis à jour le 10 avril 2000 à 0h11)

Taoufik ben Brik est un homme en colère. Ce journaliste tunisien a entamé il y a une semaine une grève de la faim. Officiellement pour réclamer un passeport qui lui est refusé. En fait, pour crier sa rage. Un jeûne qu'il justifie en quatre phrases simples: «parce qu'on a pris ma famille en otage; parce que je suis interdit d'écriture dans mon pays; parce que je suis interdit de circuler librement; parce que je suis interdit de courrier et de téléphone»"Un résumé du parcours du combattant de tout «dissident», aujourd'hui en Tunisie.

Grève de la faim. «Il ne me reste que ce moyen pour résister à Ben Ali. Tout ce qu'ils me font, je l'accepte. Mais je ne peux pas tolérer qu'ils prennent aussi ma famille et mes amis en otage», confie à Libération Taoufik ben Brik, rencontré dans le bureau des éditions Aloès où il a installé son matelas pour cette grève de la faim symbolique. «Tout le monde dans ce pays va être amené à payer de son propre corps», estime le journaliste, collaborateur des agences de presse Infosud et Syfia, ainsi que du quotidien La Croix. Il doit comparaître aujourd'hui devant un juge d'instruction, et risque neuf ans de prison pour «diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public», à la suite de la publication, en Suisse et en France, d'articles consacrés aux émeutes du sud tunisien et au harcèlement dont est victime la fondatrice d'Aloès, Sihem ben Sedrine.

Taoufik ben Brik n'est pas seul dans ce combat inégal. Des témoignages de solidarité lui