Miami, de notre correspondant.
Alberto Fujimori, alias «el Chino» (le Chinois), maître du Pérou depuis dix ans, candidat à un troisième mandat présidentiel qui lui conserverait les clés du pouvoir jusqu'en l'an 2005, courait hier soir le risque de devoir affronter un second tour. Le dépouillement de près de 40% des suffrages le créditait de 49,88% des voix contre 39,98% à son opposant Alejandro Toledo.
Reste que si le président sortant n'est pas réélu au premier tour, beaucoup pronostiquent la victoire finale, dans six semaines, d'Alejandro Toledo, 54 ans, illustre inconnu il y a seulement trois mois. Certes, les résultats complets ne seront publiés que demain, car le décompte n'est pas achevé dans certaines circonscriptions reculées. Mais tous les instituts de sondage étaient unanimes: hier soir, il y avait risque de ballottage. Les autres candidats collectent des scores marginaux, et la déconvenue est particulièrement cuisante pour le maire de Lima, Alberto Andrade, qui rêvait depuis des mois d'être le tombeur du Chino. Gratifié de 2 à 3% des voix, il s'est aussitôt désisté pour Toledo, bientôt imité par les autres prétendants.
Tabou brisé. Fujimori, lui, a gardé le silence, mais la désolation était sensible au siège de sa coalition «Pérou 2000». Le président sortant pourrait mordre la poussière au second tour, car la «dynamique de la victoire» a changé de camp. Toledo, qui ne recueillait que 6% des intentions de vote au début de l'année, a brisé dimanche le tabou de l'invinc