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Libération

Un tribunal d'exception pour Alpha Condé en Guinée. Les griefs contre l'opposant n'ont pas cessé de varier.

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publié le 12 avril 2000 à 0h08

Il était candidat à la présidentielle de décembre 1998. Il a été

arrêté, prétendument en «flagrant délit», deux jours après le scrutin, remporté par le général Lansana Conté, au pouvoir depuis 1984. Sans avoir été inculpé, les chefs d'accusation variant d'ailleurs dans le temps avec une fâcheuse tendance à l'aggravation, il a été longtemps privé de tout contact avec sa famille et ses avocats. Parlementaire, son immunité n'a jamais été levée. Détenu depuis seize mois, d'abord au secret, puis à la prison centrale de Conakry, l'opposant Alpha Condé comparaît aujourd'hui devant la Cour de sûreté de l'Etat, un tribunal d'exception, mis en place en 1997 pour juger alors les auteurs d'une sanglante mutinerie militaire. Alpha Condé aura-t-il droit à un procès équitable? Lorsque le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, s'est permis d'insister, en novembre dernier, pour qu'il soit enfin jugé, le président Conté lui a répondu: «Vous m'emmerdez»" Quelques mois auparavant, lors de la visite de Jacques Chirac à Conakry, en juillet 1999, le général-président avait déjà du mal à respecter un minimum de forme. Pour désarmer toute critique, même au nom des «relations personnelles et amicales» qu'invoquait alors le chef de l'Etat français, il avait fait annoncer le procès de son opposant pour le 7 septembre. Pure fantaisie. Elle a permis à Lansana Conté de se gausser de la France et des droits de l'homme en présence de son hôte. «Tous les jours, vous êtes en train de mettre en