Alberto Fujimori pourrait d'une heure à l'autre s'autoproclamer élu
président pour un troisième mandat, en prétendant avoir recueilli plus de la moitié des voix au premier tour du scrutin, dimanche dernier. Ainsi se parachèverait une opération que les observateurs présents sur place et l'opposition dénoncent comme une gigantesque supercherie, et qui sonnerait le glas d'une démocratie déjà mise à mal par dix ans de pratique autoritaire.
Auteur en 1992 d'un «autogolpe» (coup d'Etat constitutionnel) en renversant le Parlement sous la menace des blindés de l'armée, «el Chino», comme le surnomment les Péruviens, signerait ainsi un véritable «coup d'Etat électoral» pour se maintenir au pouvoir. Contredisant en effet toutes les projections «sortie des urnes» qui prévoyaient un second tour, les derniers résultats officiels distillés au compte-gouttes par l'Office national des élections (Onpe) attribuaient hier au président sortant 49,85% des suffrages, sur la base des bulletins comptabilisés dans 78% des bureaux de vote. Or manquaient encore les décomptes des villages les plus reculés des Andes ou de l'Amazonie, des bourgs sous contrôle exclusif de l'armée et où, en toute logique, Alberto Fujimori, qui y jouit d'une réelle popularité, l'a certainement emporté: les derniers dépouillements devraient donc faire basculer en sa faveur le résultat final.
Alors que le scrutin lui-même s'est déroulé sans incidents majeurs, c'est au niveau du décompte informatique que serait intervenue la fraud