Faut-il ou non investir en Birmanie, pays où la junte militaire au
pouvoir est régulièrement accusée de sévères atteintes aux droits de l'homme? Alors que les Etats européens semblaient jusqu'à présent réunis sur une ligne plutôt «molle» (on condamne politiquement mais on continue à faire du business), les autorités britanniques ont pris un coup de sang cette semaine et exigé d'un industriel qu'il mette fin à tout lien avec le régime birman. Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, John Battle, a demandé mardi au président de la compagnie pétrolière Premier Oil, le plus important investisseur britannique en Birmanie, de quitter le pays et n'a pas hésité à le menacer de poursuites judiciaires. Battle a qualifié le régime birman de «régime indigne», «l'un des pires en ce qui concerne les droits de l'homme dans le monde», citant le viol, la torture, le travail forcé et l'oppression des minorités ethniques comme pratiques courantes.
Hier, la société pétrolière a poliment envoyé promener le Foreign Office. «Bien que nous fassions souvent l'objet de pressions pour quitter certaines régions, nous sommes persuadés que le dialogue et l'engagement, ainsi que le développement durable, sont essentiels pour obtenir le changement», a déclaré le directeur général de Premier Oil. La polémique a forcément rebondi en France où, mardi soir, la chaîne Canal + diffusait un reportage accablant sur le soutien indirect de Total (devenu TotalFinaElf) à la junte birmane. Le pétrolier français est