C'est un procès sans précédent qui s'ouvre aujourd'hui à Téhéran.
Jamais, en vingt ans de révolution, le régime islamique n'avait en effet poursuivi collectivement et publiquement les membres d'une seule communauté, en l'occurrence la communauté juive iranienne. Accusés d'«actions contre la sécurité» de l'Iran ou d'«espionnage au profit d'Israël et des Etats-Unis», treize juifs comparaîtront devant le tribunal révolutionnaire de Chiraz, une instance d'exception qui juge toutes les questions ayant trait à la sécurité du pays. Curieusement, la plupart des prévenus sont originaires de cette même ville. Presque tous sont des professeurs d'hébreu ou travaillent pour leur communauté. L'un d'eux avait 16 ans au moment de son arrestation. Huit musulmans, appréhendés selon les autorités en même temps qu'eux, il y a un an, et dont on ignore tout, comparaîtront à une date ultérieure non communiquée. Des doutes existent d'ailleurs sur la véracité de leur existence. C'est donc au moment où l'Iran manifeste des signes évidents d'ouverture et de progrès démocratiques qu'intervient ce procès dont les conditions suscitent l'inquiétude et la mobilisation de la communauté internationale.
Jusqu'à la semaine dernière, les 13 juifs étaient exclusivement accusés d'«espionnage», une accusation extrêmement grave, passible de la peine de mort. La justice a ensuite paru reculer, son porte-parole indiquant que «seulement un ou deux» des prévenus faisaient l'objet à présent d'une telle accusation. Les au