Ce sont de simples photos d'amateur, des portraits de groupe où chacun pose l'air un peu raide. Leur destin était de s'empoussiérer dans des albums de famille. Mais les sourires figés de ces clichés sont ceux des principaux responsables du Mouvement pour la restauration des dix commandements de Dieu. Les visages, ceux des hommes qui ont connu la secte puis, probablement, sa destruction. L'auteur de ces photos, lui, s'est écarté à temps. On le trouve dans un bureau effarant de nudité, propre à l'administration africaine. En uniforme du ministère de l'Intérieur, Marcellino Bwesigye tamponne des passeports, l'air absent, et raconte l'histoire de trajectoires longtemps entremêlées, celles de proches, tous catholiques, tous originaires du même district, au sud-ouest du pays.
«Chasteté de rigueur». Ainsi, Marcellino a grandi à quelques kilomètres de la maison de Joseph Kibwetere, «vieil ami de la famille» devenu chef officiel de la secte. Le propre fils de ce dernier, décédé depuis du sida, était aussi son meilleur ami au séminaire de Kitabi, dans leur région natale. Envers Dominic Kataribaabo, qui, avant d'être l'un des piliers du mouvement, avait été à la fois son recteur et son directeur de conscience dans ce même séminaire, il ne peut cacher son admiration: «Cet homme parlait latin couramment, il était impossible de ne pas distinguer son intelligence. Il est tout ce que j'aurais aimé être.» Au fil des années, Marcellino est devenu tout à la fois l'ami, le compa