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Libération

Le rêve d'indépendance des îles Féroé

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Rattaché au Danemark, l'archipel autonome attend un référendum.
publié le 15 avril 2000 à 0h03
(mis à jour le 15 avril 2000 à 0h03)

Joannes Nielsen le concède: il ne pouvait rêver meilleure source d'inspiration. Devant les fenêtres de sa maison de bois des années 30, en bord de mer, à Thorshavn, quelques moutons à la laine longue ­ celle que l'on appelait dans le temps l'or des Féroé ­ paissent dans le vent. Poète et écrivain, Joannes Nielsen sait se délecter des tempêtes de l'Atlantique Nord, qui lui rappellent l'époque où, jeune pêcheur, il naviguait ­ comme presque tous les adolescents féringiens ­ sur les lointaines côtes du Groenland. Dans le creux d'une vallée, on aperçoit un petit village, Nolsoy. De là venait Pall, un poète marin voyageur, contemporain de la Révolution française, qui tenta de briser le monopole danois sur le commerce des îles Féroé. Il fut le premier à construire un bateau féringien de contrebande. Pall mourut en 1809, et le monopole lui survécut jusqu'en 1856.

Un siècle et demi plus tard, les îles Féroé se trouvent face à un nouveau tournant, avec l'indépendance à portée de main. Joannes Nielsen est lui-même est un fervent indépendantiste depuis les années 70. «Mais à la façon féringienne, pacifique», admet-il. L'an passé, un supporter écossais venu dans les bagages de son équipe de foot, après quelques Föroya Bjor, la bière locale, l'avait traité de «fucking baby nationalist».

Basalte sans arbres. Non loin de chez Joannes Nielsen, un amoncellement de maisons en bois rouge couvertes de toits d'herbe, au bout d'un éperon rocheux frappé par les vagues, fut le siège