Tokyo, de notre correspondante.
Yuko Seki, 28 ans, employée à la direction internationale d'un grand laboratoire, gagne bien sa vie, roule au volant d'un roadster BMW bleu nuit et sort au restaurant au moins trois soirs par semaine. Elle est jolie, aime les vêtements de marque et porte des bijoux qu'elle s'offre elle-même. Elle a des allures d'executive woman. A un détail près: elle vit chez ses parents, et cette situation de dépendance ne la gêne pas du tout. Au contraire. «J'habite ici depuis toujours. La maison est proche de mon travail et je n'ai pas de loyer à payer. Je suis très heureuse!»
Ils sont environ 10 millions de Japonais entre 20 et 34 ans à vivre chez leurs parents longtemps après la fin de leurs études, et leur nombre n'a cessé d'augmenter ces dernières années. C'est «l'ère des célibataires parasites», pour reprendre le titre du best-seller de Masahiro Yamada, professeur à l'université Toritsu Daigaku, publié l'an dernier. Cette génération de parasaito shinguru (expression tirée de l'anglais parasite single) constitue le gros de la foule qui se presse le week-end dans les magasins branchés de Shibuya ou Harajuku à Tokyo et ferait oublier que le Japon traverse une crise de la consommation! Les célibataires parasites dépensent tout ce qu'ils gagnent en vêtements, en sorties le soir ou en voyages à l'étranger. «Je suis allée une vingtaine de fois en Europe, raconte Yuko, qui a déjà assisté plusieurs fois au Grand Prix de Formule 1 de Monaco. J'adore le midi de la