Rio, de notre correspondant.
Evaristo Miranda observait les images envoyées par un satellite survolant le Brésil de nuit, quand il a été surpris par des taches de lumière. Il ne comprenait pas l'origine de ces points lumineux répartis dans toute l'Amazonie. Le spécialiste du Centre d'observation par satellite de l'institut de recherche agricole (Embrapa) a alors superposé les clichés effectués pendant 99 nuits. Les lumières qui bougeaient d'une nuit à l'autre trahissaient la présence d'incendies de forêts. Les points fixes, pensait-il, représentent des lieux-dits, éclairés par des groupes électrogènes. Miranda est aujourd'hui convaincu d'avoir ainsi localisé des centaines de petits villages jusqu'alors inconnus des pouvoirs publics. Sa thèse est combattue par d'autres scientifiques, qui jugent le satellite utilisé peu fiable. Mais, depuis sa «découverte», personne n'est allé vérifier sur place. Trop loin, trop coûteux. Le doute est donc permis sur l'existence dans cette région de centaines de milliers de Brésiliens oubliés par le reste du pays.
Cinq siècles après l'arrivée des Portugais, le Brésil est encore en train de se découvrir. Les satellites, dont le sino-brésilien Cibers lancé l'année dernière, sont ses nouveaux alliés dans sa quête d'identité. Car ce pays se connaît mal. Tout au long de son histoire, il n'est même jamais arrivé à connaître son propre peuple. L'explosion démographique n'a rien arrangé. En 1872, le Brésil ne comptait que 10 millions d'habitants, contre