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Libération

Vingt ans d'espoirs déçus par «Camarade Bob». Héros de l'indépendance, Mugabe utilise le mouvement des vétérans pour se maintenir au pouvoir.

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publié le 17 avril 2000 à 0h02

L'air était électrique, ce 4 mars 1980 à Salisbury, capitale de la

Rhodésie coloniale, dans l'attente des résultats des premières élections libres et multiraciales. La victoire du parti Zanu-PF de Robert Mugabe, le chef de la guérilla la plus radicale, fit l'effet d'un électrochoc auprès des 220000 Blancs aux yeux desquels il était le diable. Le soir même, Mugabe apparaissait à la télévision et prononçait des paroles rassurantes pour tous, y compris les Blancs qu'il avait passé deux décennies à combattre: le rebelle marxiste s'était transformé en homme d'Etat pragmatique. Dès le lendemain, les Blancs qui avaient acheté un billet d'avion pour Londres ou Sydney renonçaient à partir, encouragés par un début prometteur. Le 18 avril, jour de l'indépendance, une émeute éclatait, mais avec pour origine le manque de place au stade pour écouter Bob Marley chanter Zimbabwe" Fuite en avant. Vingt ans plus tard, la lune de miel est depuis longtemps oubliée, et le Zimbabwe de Mugabe a des allures de navire à la dérive. A 76 ans, le président zimbabwéen a engagé une nouvelle bataille qui ressemble à une fuite en avant. Hier comme aujourd'hui, c'est la possession de la terre qui est au centre du conflit, cette terre conquise par les hommes de Cecil Rhodes à la fin du XIXe siècle, et que Mugabe avait dû se résoudre à laisser en grande partie aux mains des fermiers blancs lorsqu'il avait accepté le compromis de Lancaster House, en 1979, pour mettre fin à une longue guerre d'indépendance. Mieu