Bangkok, de notre correspondant.
Le procès des Khmers rouges devient un casse-tête juridique alors que l'on commémore le 25e anniversaire de la chute de Phnom Penh. Au début de l'année, la presse cambodgienne a annoncé le décès d'Im Chan, un sculpteur de 57 ans qui faisait partie des sept rescapés de Tuol Sleng, cet ancien lycée de Phnom Penh transformé en centre de tortures pendant le régime khmer rouge entre 1975 et 1979. Le peintre Vann Nath, 54 ans, reste désormais le seul survivant, le seul témoin direct de ce qui s'est déroulé dans les salles lugubres du «centre d'interrogations» par lequel sont passés 20 000 «ennemis de l'Angkar», telle que se dénommait l'organisation khmère rouge.
Comment mieux dire l'urgence d'un procès crédible des auteurs de cette expérience de maoïsme caricatural qui a coûté la vie à 1,7 million de Cambodgiens, soit le quart de la population de l'époque. Pol Pot, le leader suprême khmer rouge, est lui-même mort misérablement en avril 1998, près de la frontière khméro-thaïlandaise, emportant ses secrets avec lui. Et, pourtant, les pourparlers entre les Nations unies et le gouvernement cambodgien pour établir un tribunal pour juger les crimes khmers rouges s'enlisent. Depuis un an, les négociations se sont enferrées dans des arguties juridiques.
Les expériences des tribunaux internationaux ad hoc pour le Rwanda et la Yougoslavie ne peuvent servir ici. Le gouvernement cambodgien a forcé l'ONU à accepter une formule hybride qui tient du casse-tête jurid