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Libération

Les 500 ans du brésil. La route de la fortune. Fuyant l'ex-pays d'avenir, les Brésiliens s'expatrient depuis quinze ans.

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publié le 18 avril 2000 à 0h00

Governador Valadares, envoyé spécial.

«A Governador Valadares, tout le monde a au moins un frère aux Etats-Unis.» Douglas de Almeida Correa sait de quoi il parle. Son frère et sa soeur travaillent à Miami. Son père y est mort en 1996 et sa mère vient de rentrer au pays. Lui-même n'est pas parti, parce que le consulat américain lui a refusé son visa. Il est devenu policier. Fier, il montre sa maison: «C'est le fruit de dix ans de travail de ma famille. Mon père est mort pour la construire.» L'immeuble est, il est vrai, imposant: c'est une tour de trois étages, une espèce de mini-HLM où vit toute la famille. Du moins ceux qui sont restés. Ce châtelet en béton, partiellement couvert de carrelage, est situé dans le nouveau quartier de Vale Verde, un des fiefs des expatriés. Là, comme ailleurs dans la ville, des rues entières sont en train d'être bâties, déjà bordées de forteresses familiales. Selon une étude municipale, 153 millions de dollars ont été injectés par les émigrants entre 1984 et 1993 dans le secteur immobilier de la ville. Sans compter tout l'argent qui arrive pour soutenir les familles. L'économie de Governador Valadares vit sous perfusion permanente de dollars.

Boston d'abord. Situé dans le nord de l'Etat du Minas Gerais, Governador Valadares est la plaque tournante de l'émigration brésilienne. En 1994, 16% de ses 230 000 habitants avaient déjà émigré, dont 20 000 vers la seule région de Boston, où s'est constituée une importante communauté de Brésiliens et de Portu